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Communiqué - Manitoba

Le 26 juillet 2022

Déclaration du ministre de l'Agriculture Derek Johnson sur les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre du gouvernement fédéral



Je suis heureux d’avoir discuté avec les ministres de l’Agriculture fédéral, provinciaux et territoriaux la semaine dernière, lors de notre rencontre annuelle à Saskatoon. Nous sommes parvenus à une entente sur plusieurs sujets importants, dont le renouvellement du Partenariat canadien pour l’agriculture pour cinq années supplémentaires, assorti d’une augmentation de 25 % de la portion fédérale-provinciale à coûts partagés. Nous avons aussi convenu de bonifier les programmes de gestion des risques commerciaux – en faisant notamment passer le taux d’indemnisation d’Agri-stabilité de 70 % à 80 % – afin d’accroître la viabilité économique des exploitations agricoles.

Le Partenariat prévoit également une cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de trois à cinq mégatonnes. Bien que la réduction des émissions de GES constitue une priorité pour le gouvernement manitobain, qui y voit une mesure positive. Toutefois, la nouvelle exigence fédérale de réduire les émissions de GES de 30 % dans le secteur agricole d’ici 2030 en s’attaquant à l’utilisation des nutriments s’appuie sur des généralités et ne tient pas compte des progrès déjà réalisés en la matière par les agriculteurs manitobains.

Dans son rapport commandé par Fertilisants Canada, MNP conclut qu’il faudrait réduire l’utilisation de nutriments de 20 % pour atteindre une telle cible, ce qui entraînerait une diminution des récoltes et nuirait aux entreprises à valeur ajoutée. De plus, limiter l’utilisation de nutriments augmenterait sensiblement le coût des aliments, qui connaissent déjà une hausse constante, et mettrait en péril les emplois dans le secteur de l’agriculture et de la transformation alimentaire.

La réduction des émissions est la chose à faire. Toutefois, je suis fermement convaincu qu’il est crucial d’adopter une approche plus ciblée, qui tiendrait compte des changements déjà adoptés par les producteurs manitobains et du rapport coûts-bénéfices des différentes stratégies de réduction des GES.

Les producteurs manitobains n’ont pas attendu ces cibles pour limiter leur utilisation de nutriments et transformer leurs façons de faire avec l’évolution des pratiques de gestion bénéfique. La collaboration entre les producteurs, les gouvernements et l’industrie des nutriments est un outil important pour accélérer le changement. Au Manitoba, par exemple, la gestion des nutriments 4B est intégrée et privilégiée depuis longtemps, à savoir :

  • le bon produit pour les conditions de production et le type de culture et de sol;
  • la bonne dose pour l’atteinte des objectifs de production en fonction des besoins des cultures et des nutriments déjà présents dans le sol;
  • le bon lieu d’application en fonction du type de culture;
  • le bon moment en fonction de différents facteurs (logistique, risque de perte de nutriments, utilisation et absorption par les cultures).

Le Manitoba fut la première province des Prairies à conclure un protocole d’entente 4B avec Fertilisants Canada. Et depuis 2013, nous collaborons avec Keystone Agricultural Producers et Fertilisants Canada pour promouvoir les principes et pratiques de gestion des nutriments 4B grâce à une série de protocoles d’entente triennaux. J’ai demandé au gouvernement fédéral de contribuer au protocole climato-intelligent 4B, dont les partenaires s’affairent actuellement à finaliser le quatrième protocole d’entente.

La diminution de l’utilisation de nutriments pour atteindre la cible pancanadienne de 30 % de réduction des émissions de GES nuirait à la compétitivité du Manitoba dans le secteur de la production et de la transformation des protéines. De plus, cette politique fédérale aurait des conséquences à géométrie variable sur les agriculteurs selon la taille de leur exploitation agricole, leurs pratiques actuelles et leur degré d’adoption des pratiques de gestion bénéfique, comme l’épandage sous la surface. Les petits producteurs seraient injustement touchés en raison du coût de l’équipement nécessaire pour accroître l’efficacité des nutriments et réduire l’émission de GES. Un coût qu’ils pourraient difficilement absorber à leur échelle.

L’application de nutriments devrait reposer sur la science et les analyses de sols afin d’éviter toute surutilisation de nutriments. De toute façon, une telle surutilisation n’est ni efficace ni rentable pour les agriculteurs. Les stratégies de réduction des émissions de GES doivent être efficaces, économiques, modulables et réfléchies, car les populations vulnérables pourraient être disproportionnellement touchées par la hausse du coût des aliments si le volume de production venait à diminuer en raison de cette politique de contrôle des nutriments.

L’industrie agricole manitobaine produit des aliments à bon prix et de bonne qualité qui contribuent à la sécurité alimentaire dans le monde. En 2021, le Manitoba a exporté plus de 7,7 milliards de dollars en denrées et aliments transformés à l’international. Or, les agriculteurs manitobains ne peuvent contribuer à nourrir la planète sans recourir aux nutriments qui favorisent la croissance des cultures.

Les coûts associés à la réduction des émissions de GES dans le secteur agroalimentaire ne peuvent être assumés uniquement par les agriculteurs. Par ailleurs, les producteurs doivent pouvoir participer aux débats sur les façons d’atteindre les cibles de réduction des émissions de GES. De plus, il est impératif de faire preuve de souplesse, étant donné la diversité des fermes et des systèmes de production au Canada. Il faut absolument tenir compte de l’abordabilité, des bienfaits sociaux, des connaissances scientifiques et du plein effet de cette cible sur la production et la rentabilité dans différents contextes agricoles.

Je continuerai à faire pression pour que ces facteurs soient soigneusement pris en compte lors des décisions relatives à la réduction des émissions de GES qui auront une incidence sur nos producteurs agricoles. Notre gouvernement se range du côté des agriculteurs manitobains, qui gèrent admirablement nos terres agricoles, adoptent des pratiques durables et travaillent jour après jour pour produire des aliments dans le respect de l’environnement.

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